Entretien avec Arnaud Laly
Si vous êtes récemment passé devant le siège de Blot, avenue Henri Fréville à Rennes, vous l’aurez certainement remarquée… Une imposante fresque orne une partie de la façade de notre bâtiment depuis plusieurs mois. Cette fresque aux couleurs vives et aux formes singulières est l’œuvre d’Arnaud Laly, artiste peintre et designer breton, et figure montante du paysage artistique français.
« 360 », c’est le premier mot qui vient à l’esprit d’Arnaud Laly quand on lui demande de se présenter. Si cette réponse peut paraître surprenante, elle traduit bien la singularité de cet artiste aux inspirations et à la créativité tous azimuts qui explore formes géométriques, lignes et aplats de couleurs sur des œuvres immédiatement identifiables, saluées par les critiques d’art et repérées dans plusieurs galeries en Europe.
De retour en France après un long périple au cours duquel il a sillonné les routes d’Amérique centrale et latine, du Mexique à l’Argentine, Arnaud Laly a fait une escale de quelques heures dans nos bureaux. L’occasion d’échanger avec lui sur son processus créatif et sur ses sources d’inspiration, et de revenir sur sa collaboration avec Blot, qui a notamment donné naissance à notre calendrier 2023, à notre carte de vœux et au marque-pages collector qui a marqué la campagne de notre service Habitation en mai dernier 2023.
Extraits de notre entretien avec cet artiste aussi talentueux que sympathique, dont le terrain d’exploration semble sans limites.
Blot : Bonjour Arnaud. Nous sommes ravis de t’accueillir au siège de Blot. Tu l’auras vue en arrivant : la fresque que tu as réalisée pour nous habille l’entrée de notre immeuble. Tes premières impressions ?
Arnaud : Merci pour l’invitation ! Oui, j’étais à l’étranger quand la fresque a été posée, et j’attendais avec impatience de la voir « en vrai ». Une amie qui travaille dans le quartier m’avait dit qu’elle rendait particulièrement bien. Et je dois dire que je suis vraiment satisfait du résultat !
Nous aussi, nous l’adorons ! Pour commencer, pourrais-tu nous donner les mots qui te décrivent le mieux, toi et ton travail ?
(courte hésitation). … 360. J’aime bien pratiquer la création à 360°. Je prends autant de plaisir à faire du digital que d’avoir un contact direct et manuel avec mes créations, qu’il s’agisse de dessins petits formats ou de peintures grands volumes. J’aime explorer tous les panels sur lesquels l’expression de la création est possible. Au-delà des supports, j’aime aussi explorer les matières. Acrylique, bien sûr avec mes toiles, mais aussi laine avec des tapis et même vitraux. J’essaie de ne pas me mettre de limites.
Sinon, deux autres mots qui pourraient me caractériser sont « coloré » et « curieux ». J’aime dénicher, tenter de nouvelles expériences, explorer comment les choses peuvent s’associer et fonctionner ensemble.
Comment cultives-tu cette curiosité ?
Je ne dirais pas que c’est quelque chose que je cultive. J’aime simplement me poser et m’imprégner de ce qui m’entoure. Cela peut être des éléments de design, des bâtiments ou bien encore des jardins. Je dis souvent qu’il y a plusieurs types de cerveaux et d’apprentissages. Certains fonctionnent de manière auditive, moi je fonctionne au visuel. Je suis incapable de retenir des noms, mais j’oublie rarement un visage. Comme beaucoup, il m’arrive de prendre des photos, mais au final, je ne vais pas les regarder. Je visualise, je mémorise, je synthétise… et ces images peuvent resurgir lors de mes créations.
Tes œuvres se caractérisent par des couleurs intenses. Comment les travailles-tu ?
Ma palette de couleurs est assez réduite, tout comme le nombre de couleurs que j’associe dans mes créations. La base est souvent un bleu ou un vert, que je combine à des couleurs complémentaires, comme le jaune, l’orange ou le rouge.
Vous l’aurez remarqué : j’adore le bleu, et notamment le bleu profond et électrique, comme le bleu Klein. Cette couleur est déposée et ne peut pas être utilisée librement en peinture, mais il est tout de même possible de s’en rapprocher. Et c’est d’ailleurs une raison qui fait que je travaillerai toujours avec la peinture : elle offre une liberté et une profondeur de couleurs que ne permet pas toujours le numérique.
Comment travailles-tu, et comment naissent tes créations ?
Tout commence presque toujours par un dessin. Même si je travaille aussi avec le numérique, le papier reste toujours la base. J’ai un carnet qui me suit partout, sur lequel je dessine ce qui peut m’inspirer, toujours en noir. La couleur vient après, quand le projet prend forme. J’aime y revenir, le feuilleter et c’est souvent là que naissent des idées. Certains dessins resteront à jamais au stade d’ébauche, d’autres viendront s’associer à d’autres croquis ou à des images que je peux avoir en mémoire. Mais aucun croquis ne reste jamais à l’identique : je récupère un bout d’un dessin, que je combine à une partie d’un autre. C’est un processus de fusion. Et mon inspiration se nourrit du processus créatif. Sinon, une fois le processus enclenché, j’ai besoin d’être dans ma bulle, et j’aime travailler en musique.
Comment est né ton style si particulier ?
Là encore, il s’agit d’une fusion, d’une synthèse entre mon parcours académique et mes expériences professionnelles. De ma carrière en tant que designer graphique, j’ai conservé la rigueur, que j’ai associée à l’imagination créatrice qu’ont développée mes études en arts plastiques.
Sinon, je tire mon inspiration de différents courants artistiques tels que le Memphis, un mouvement de design et d’architecture né en Italie dans les années 80, que j’apprécie pour la manière décomplexée dont les formes et les couleurs sont traitées. J’aime aussi l’Art Déco, pour son côté géométrique. Enfin, le cubisme, dont Picasso a été le fer de lance, pour la représentation déconstruite des visages.
Design, architecture et mouvements artistiques : mon style est la fusion de ces trois éléments. J’aime transformer des formes qui peuvent paraître rigides et rigoureuses en quelque chose d’artistique qui appelle à l’imagination de chacun.
Tu évoquais les visages déconstruits dans certaines de tes créations, que traduisent-ils ?
Plus encore que les visages, c’est le regard qui m’intéresse. Je commence d’ailleurs souvent mes portraits par un œil, autour duquel les autres éléments viennent s’articuler. Mais je ne pars pas avec l’intention de traduire une émotion ou un trait de caractère, sinon peut-être la malice. Je laisse cette interprétation aux spectateurs.
La collaboration avec Blot : un retour aux sources ?
On peut le dire. Quand j’ai été contacté par Blot, le lien avec l’architecture et mes expériences professionnelles passées m’est paru évident. J’ai travaillé pendant plusieurs années dans une agence de design à Paris. La majeure partie des projets sur lesquels je travaillais était des projets architecturaux, notamment pour l’aménagement d’immeubles de bureaux dans lesquels je devais réaliser des fresques ou des façades. J’ai donc eu l’habitude de travailler avec des plans ; ces plans auxquels peuvent d’ailleurs faire penser certaines de mes créations. Mais au-delà de ça, j’aime personnellement l’architecture et la géométrie. Autant de concepts qui me rapprochent de l’univers d’un groupe immobilier comme Blot. La collaboration s’est donc décidée naturellement.
As-tu hésité avant de signer cette collaboration ?
Certains artistes refusent de nouer ce type de partenariat avec des entreprises privées, souhaitant cantonner l’art à ses supports traditionnels. Mais je ne suis pas un « puriste » en la matière. Et avec Blot, j’ai tout de suite senti que mes œuvres et mon message seraient préservés et respectés. Ce n’est pas le cas avec toutes les marques. Et cette relation de confiance est essentielle pour un artiste.
Tes prochains projets ?
J’en ai beaucoup. Il y a plein de choses à venir ! J’ai récemment été contacté par une marque italienne pour envisager la création de collections capsule de t-shirts en édition limitée. C’est une possibilité. Sinon, j’aimerais vraiment explorer la piste des vitraux, toujours dans la lignée de mon travail à 360° des supports d’expression. Je suis en contact avec une société parisienne spécialisée dans la rénovation et la réalisation de vitraux, et c’est une piste que j’aimerais vraiment creuser, que ce soit pour des installations chez des particuliers que pour la création de « tableaux-vitraux », dont les couleurs pourraient varier en fonction de l’éclairage ou de la lumière du jour. Et poursuivre la création de tableaux et de tapis, que je traite vraiment comme des œuvres uniques pour lesquelles je délivre des certificats d’authenticité.
Portrait :
Arnaud Laly est né en 1991 à Ploërmel (Morbihan), au cœur de la Bretagne. Après des études d’Arts Appliqués à Rennes, tout d’abord en Design graphique, puis en Arts plastiques et Design global, Arnaud Laly prend le chemin de Paris où il travaille pendant plusieurs années en tant que Directeur Artistique d’une importante agence de Design Global. Au cours de ces années parisiennes, Arnaud Laly travaille sur d’importants projets mêlant architecture et Design Global. Mais très vite, l’envie d’explorer son propre univers créatif se fait ressentir, et le designer décide de se consacrer à son propre projet artistique. Rapidement repéré par plusieurs galeries en France et à l’étranger, Arnaud Laly a rapidement trouvé sa place parmi les noms à suivre de la scène artistique française.
Créations 100 % numériques, tableaux, affiches, fresques urbaines, vitraux et même tapis sur mesure : les motifs immédiatement reconnaissables d’Arnaud Laly voyagent naturellement d’un support à un autre, sans jamais perdre en impact visuel ni en puissance évocatrice.
Si ses œuvres s’ouvrent désormais au monde entier, l’artiste reste attaché à sa Bretagne natale. Habitué du paysage urbain et musical rennais, il signe chaque année l’identité visuelle du Made Festival, rassemblement majeur autour des musiques électroniques.
Suivez Arnaud Laly sur son compte Instagram (@arnaud_laly) et sur son site web (www.arnaudlaly.fr).